Le workshop, espace commun de pensée
Le workshop, dans sa visée participative horizontale, provoque l’occasion de libérer la parole citoyenne mais permet aussi de solliciter et croiser des compétences multiples sur des problématiques spécifiques. Ces compétences peuvent provenir d’experts locaux, tel un entrepreneur local spécifique, un hacker actif, des parents, mais aussi des personnalités extra-territoriales comme un industriel, un chercheur, un expert en économie solidaire, pouvant apporter des idées, des conseils, des retours d’expériences similaires, des opportunités, des mises en réseau.
Différents exemples de workshop existent, cependant une expérience atypique illustre la potentialité dénombrée par des ateliers : DreamHamar, un processus urbain qui s’est déroulé en Norvège. Cette expérience a transformé une demande initiale de formalisation d’un projet en un processus de constitution d’une communauté de projet. Pour ce faire, l’agence Ecosistema urbano et son équipe a utilisé les possibles des technologies du numérique et imbriqué des ateliers sur site (onsite workshop), des ateliers avec des institutions situées dans d’autres pays (academic network), des ateliers dématérialisés (online workshop), afin d’élargir la communauté de réflexion sur les problématiques du site.
Vous trouverez sur ce lien une interview de Francesco Cingolani, architecte ayant participé à la conception et la réalisation du projet, relatant l’expérience des dispositifs de DreamHamar.
La finalité du workshop peut être diverse. Pour certains, il constituera une finalité en soi en ce qu’il représente un temps d’expression de la démocratie participative, pour d’autres, il est devenu un outil nécessaire à l’élaboration de visions urbaines adéquats, de stratégies de développement partagées, qui permet, entre autre, l’identification de ressources locales de projet mobilisables à court terme, inscrivant dans le physique et dans l’immédiateté les discours sur l’évolution du territoire.
Cependant, au delà des enjeux de stratégie urbaine, l’expérience collaborative des workshops met aussi en exergue l’enjeu lié à la complexité de l’ajustement mutuel entre tous les intervenants.
La mise en confiance de toutes les parties, la mise en partage d’une capacité de discours entre des techniciens, connaisseurs des processus des études, des concepts et vocabulaire urbains, et des habitants nouvellement habitués à être sollicités, la mise en partage des données, la fabrication de dynamiques suscitant paroles et réflexions, la mise en cohérence de ces réflexions… mettent en évidence le double rôle du métier d’urbaniste, ou du moins l’intensification de celui-ci : l’urbaniste reste toujours un expert du territoire et être force de propositions, mais doit aussi en parallèle détenir un savoir faire dans les domaines de la coordination.
Ce domaine implique de toutes autres compétences, qui peuvent être apportées par des personnes tels qu’experts des processus participatifs, mais si l’on veut véritablement intégrer ces nouveaux modes de faire comme élément créatif et constituant de la construction du projet, il nous faut, à nous urbaniste, entendre ces logiques de groupe.
De nouveaux outils sont mis à notre disposition. Véronique Hillen, experte en Design Thinking nous livre sur son site des clés pour construire ces moments, impliquer les gens, les placer en posture de propositions dans des dynamiques en étant à l’écoute de chacun. Elle nous parle d’empathie, nous donne des conseils sur un bon Brainstorming, sur la réflexivité…Emile Hooge, consultant en management du territoire chez Nova 7 utilise quand à lui les Lego pour des ateliers de prospective urbaine. Vous trouverez sur villeliquide.com un article décrivant l’enjeu et les étapes de ce procédé.
Il ne s’agit donc plus seulement, aux acteurs du projet urbains, d’être attentifs aux évolutions des sociétés, des territoires, mais aussi de s’ouvrir à d’autres formes et outils de construction de projet.